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Gagnant-gagnant

L’observation de la vie en société nous enseigne quotidiennement le risque de se retrouver dans la peau d’un perdant. Gagnant ou perdant. En dehors de ces deux alternatives aucune autre issue ne semble possible.

La coopération

Ainsi lors d’un conflit, chacun s’évertue à prendre le dessus sur l'autre, comme dans un sport de compétition. Une autre issue que la victoire est intolérable. Dans l'esprit des compétiteurs un match nul correspond plutôt à une situation perdant perdant. Une fois cette mentalité acquise, il devient très difficile de réaliser qu'il est possible de sortir tous gagnants de la même épreuve.

Changeons notre attitude. À la place d’être sur la défensive ou prêt à l’attaque, cherchons plutôt la coopération. La coopération implique une transformation puissante, bouleversant tout le schéma habituel de la communication.
Un interlocuteur qui applique cette stratégie, et qui cherche une résolution réciproque des problèmes, est susceptible de faire la différence. Dans sa vie sentimentale, dans son travail. Partout.

La première personne à convaincre est soi-même. N’attendons pas que les autres fassent le premier pas.

La loi du plus fort

À moins de se pencher sur notre comportement, nous sommes habituellement inconscients de notre manière d'agir dans les situations conflictuelles. Fidèles à nos vieilles habitudes, nous démarrons au quart de tour à la moindre contrariété.
Ne nous serine-t-on pas, à longueur de journée, que pour réaliser nos objectifs, il faut prendre le taureau par les cornes et ne pas se laisser marcher dessus ?
La loi du plus fort, la loi de la jungle n’est-ce pas la réalité dans laquelle nous vivons ?
Il faut rester sur ses gardes, les loups guettent au coin du bois.
Dans ces conditions, si nous ne parvenons pas à nous imposer, c’est que nous sommes des poules mouillées. Nous n'avons qu'à nous en prendre à nous-mêmes.

Dans le même ordre d'idée, si nous avons raison, les autres ont forcément tort. Les arguments les plus futiles sont avancés pour justifier ce jusqu'au boutisme. Même en parlant du temps, votre voisin ne peut s’empêcher d'être réactif. Si vous dites  « il fait froid aujourd’hui », il rétorquera « je suffoque ! ». Aventurez-vous à le contredire : « vous exagérez, nous sommes déjà en automne », il répondra sans doute « il fait chaud comme en été ! ».

Souvent nous ne prenons pas le temps de considérer la meilleure manière de réagir dans ces situations pourtant banales. Nous nous sentons provoqués et nous dégainons à notre tour.
Ces échanges verbaux nous laissent avec un goût amer d’inachevé. L’impression d’avoir atteint une impasse, et finalement, un sentiment d’impuissance, lorsque pour ne pas envenimer encore plus la situation, nous préférons nous taire. Toutes ces attitudes irréfléchies renforcent ainsi le statu quo.
Prenons donc un peu de temps pour changer notre approche.

Nécessités réciproques

Je veux gagner, mais je veux aussi que mon interlocuteur gagne.

Le problème est comment faire ?

Arrêtons de penser aux solutions et voyons d'abord les nécessités réciproques. Supposons que deux personnes désirent la même chose mais pour un usage différent, ne serait-il alors stupide de prendre le risque de les décevoir toutes deux ?
À quoi bon partager une courge en deux parts égales, alors qu'une personne s'intéresse aux graines, pour les sécher et les mettre dans sa salade, et que l'autre s'en passe très bien, puisqu'elle veut faire une soupe ?

Faire passer les besoins avant la solution ouvre le dialogue. On considère alors les options qui s'offrent à nous. Bien sûr, les solutions ne sont pas toujours parfaites, mais le dialogue fait tomber les barrières. Le roi Salomon propose de couper l'enfant en deux pour satisfaire le besoin de possession des femmes le réclamant. La solution est draconienne et ne peut satisfaire celui qui a un peu d'humanité. C'est-à-dire celui qui est prêt à renoncer à ses prérogatives afin que l'enfant vive, car, à la limite, il tire sa satisfaction de cette certitude. Certes, son renoncement à un droit légitime constitue une forme d’injustice, mais elle n'a rien d'humiliant, puisqu'elle vise un but salutaire.
Cela nous montre que la renonciation, dans certains cas, est également une manière de gagner. Au contraire, le gain égoïste est souvent à long terme une source de désespérance.

Vous n'êtes pas d'accord avec moi :

Quelles valeurs sont importantes pour vous ?
Quels intérêts défendez-vous ?
Quels résultats désirez-vous obtenir ?
Existe-t-il d'autres alternatives ?
Quelles garanties désirez-vous obtenir ?
Dans quelles conditions seriez-vous disposé à acquiescer ?

Vous n'êtes toujours pas d'accord malgré cela :

Quel est mon vrai besoin ?
Pourquoi ce refus m'est-il insupportable ?
Comment redéfinir le problème ?

Gain mutuel

Ces interrogations altèrent sensiblement la nature du problème. Elles permettent de détendre l’atmosphère en mettant l’accent sur la coopération réciproque. C'est une manière de dire :
Je reconnais nos différences. Je suis prêt à adapter ma position en fonction de vos besoins.
Je cherche à résoudre une situation dans laquelle chacun à son mot à dire. Je m'attaque au problème et non aux personnes qui créent le problème.

Cette attitude est non seulement éthique, mais elle fonctionne dans la réalité et chacun sort finalement grandi de ce type d’interaction.

S'il existe des doutes sur l'engagement de votre interlocuteur, précisez et mettez sur papier l’arrangement conclu.

« Je vous prête ce livre à la condition que vous me le restituez la semaine prochaine. »
« Je ferais vos courses, si vous allez promener mon chien. »

Je suis disposé à faire ceci, si vous faites cela. Gagnant-gagnant, c'est aussi donnant-donnant. C'est la résolution des conflits par le gain mutuel.