Courrier des lecteurs
« Le drame s'est produit hier matin vers 10 h, lorsqu'une voiture qui traversait le passage à niveau n'a pas vu arriver le train. La collision a été très violente, projetant le véhicule contre un pylône de la ligne électrique. Un des occupants a été éjecté de la voiture, alors que l'autre est resté prisonnier. Tous deux sont décédés avant l'arrivée des secours. »
Les accidents qui surviennent quotidiennement nous rappellent que la vie tient parfois à un fil. Face à ces événements nous ne pouvons rester de marbre. Nous avons tendance à en parler passionnément à notre entourage, avec le risque de créer parfois la polémique.
Raisons affectives
Quelle est la motivation qui pousse les lecteurs à se prononcer sur un fait divers tragique en publiant leurs commentaires ?
Le choc. L'émotion. Le souvenir des accidentés. Le lieu. L’idée que cela peut aussi nous arriver. Le soulagement d'en avoir échappé. Ce sont avant tout des raisons affectives qui nous font réagir. Il n'est donc pas surprenant que les réactions de ces lecteurs manquent singulièrement de pondération et de mesure. Plus surprenant est de constater que ces mêmes lecteurs en viennent à s'invectiver, lorsqu'ils ne partagent pas le même avis. Que ce soit sur la cause de l'accident, ou encore sur les mesures qu'il faudrait prendre pour y remédier.
Commentaires des lecteurs
«La vraie question, c'est de savoir pour quelle raison on a encore, en Suisse, en plein 21e siècle, des passages à niveau dépourvus de barrières ???"
«Parce que vous avez des yeux pour vérifier si vous pouvez passer, ou pas. »
«C'est ce que j'allais écrire ! Pourquoi pas des barrières partout ?! C'est vraiment scandaleux ! »
« Ce qui frappe sur la photo, c'est le manque de visibilité à droite à cause du bâtiment. Des barrières pourraient se justifier mais sont coûteuses. »
« Même les barrières ne retiennent pas les hors-de-la loi. Le rouge ne sert à rien, l'avertissement sonore ne sert à rien, la signalisation est présente, mais il vaut mieux un peu d'adrénaline ou regarder son smartphone. Franchement je ne vois pas la raison de s'acharner sur les barrières. »
« Il y a eu beaucoup d'accidents à cet endroit, mortels, handicapant, etc..... Combien encore avant que quelque chose soit fait ? Combien coûte une vie, et aujourd'hui deux ? »
« Arrêtez de toujours vouloir mettre la faute sur les autres, il y a un feu plus un signal sonore et une croix qui signale le passage, donc il suffit d'être attentif à ce qu'on fait quand on conduit et respecter la signalisation point barre. »
« Les professionnels de la route commettent aussi des erreurs. Personne n'est infaillible. Il y a quelques années un camion m'a dépassée hors des limites en arrachant mon rétro. Comme quoi... »
« Je constate que beaucoup d'entre vous ont d'énorme lacune en ce qui concerne la signalisation routière. C'est déplorable. Bien. pour résumer et c'est très simple. la signalisation lumineuse des passages à niveaux est ROUGE. Donc ? que fait t'on à la vue d'un feux rouge ? Ont accélère ? NON ! On STOP ! Le griller est aussi grave que de griller le feux rouge au croisement en bas de chez vous !!! »
Haine ordinaire
Ces interpellations mettent en évidence la haine ordinaire, le ressentiment et le désir d'en découdre. L'accident ne devient plus alors qu'un simple prétexte à décharger son fiel. Sans aucun respect pour la mémoire des victimes.
Face à ces discours enflammés, il reste la froideur des faits. Deux pères de famille morts dans la fleur de l'âge. Dans des circonstances aussi tragiques que stupides. Suite à la collision de leur véhicule avec un train. Sur un passage à niveau sans barrière. À la gare du Rocheray, à la Vallée de Joux, en Suisse.
L'arrêt est facultatif, les trains desservent la halte à la demande. Ce matin dans la rame ou sur le quai de la petite gare personne n'a pesé sur le bouton qui aurait sauvé la vie des malheureux.
Cet événement démontre également qu'un accident a des causes qui ne sont pas toujours faciles à déterminer, bien qu'elles paraissent évidentes au premier coup d’œil.
Il vaut la peine d'y réfléchir à tête reposée. Les jugements péremptoires ne résolvent rien ; bien au contraire, ils perpétuent la division et l'incompréhension.