Requins de la finance
« Le requin est un animal cruel et mythique qui ne se trouve plus guère que dans les basses eaux de la finance. » Philippe Bouvard
Bien avant que la vague du tsunami ne se retire, laissant sur son passage un amas de détritus et de cadavres, les requins de la finance étaient déjà sur le pied de guerre.
Leur objectif ?
Affoler l'opinion publique en répandant un catastrophisme de bon aloi et parier sur la baisse du Yen. Le seul problème, c'est que d'autres spéculateurs, se croyant beaucoup plus finauds, ont fait exactement le calcul inverse en misant sur la capacité de récupération extraordinaire du Japon. Souvenons-nous, le miracle économique japonais a suivi les deux bombes atomiques de Hiroshima et de Nagasaki.
Contre toute attente, le Yen a ainsi flambé, pour atteindre un record historique face au dollar. Le Japon et le G7 ont dû intervenir afin de mettre en garde les marchés contre cette tendance spéculatrice risquant de plomber une économie fortement tributaire de ses exportations.
Business is business
Pendant que les Japonais mesuraient progressivement toute l'étendue du désastre ayant frappé leur pays, les boursicoteurs ont alors changé leur fusil d'épaule. Ils avaient maintenant les yeux rivés sur le cours des titres japonnais qui avaient fondu et plus particulièrement celui de Tepco (Tokyo Electric Power). La compagnie d'électricité japonaise qui vend de la lumière à des millions de foyers japonais, se trouve être également l'exploitant de la centrale de Fukushima endommagée par le séisme. Suite aux problèmes de ses réacteurs nucléaires, elle perdit près de 70 % de sa valeur à la Bourse de Tokyo.
Alors que la centrale de Fukushima affronte une situation de crise majeure, les investisseurs n'ont plus qu'une priorité en tête, se débarrasser des actions Tepco. Pendant qu'ils passent des nuits blanches à chercher des pigeons disposés à reprendre leurs titres, les liquidateurs de la centrale essaient, quant à eux, de limiter les dégâts de la catastrophe nucléaire, en sacrifiant leur santé pour la nation.