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Le mystère de la chambre 2806

“Because of him they call me a prostitute. I want him to go to jail. I want him to know there are some places you cannot use your power, you cannot use your money.” Nafissatou Diallo

Que c'est-il passé exactement le 14 mai 2011 entre 12:06 et 12:15, dans la suite 2806 de l'hôtel Sofitel de New York?
A part Nafissatou Diallo (ND) et Dominique Strauss-Kahn (DSK) bien malin celui qui pourrait y répondre.

12:06 ND entre dans la suite 2806 occupée par DSK.
12:15 DSK téléphone à sa fille pour aller manger avec elle.
12:26 ND entre dans la chambre 2820 pour récupérer son matériel de nettoyage.
12:28 DSK quitte le Sofitel.

ND accuse DSK de viol.
DSK parle de relation consentie.

Qui dit la vérité ?

Pour tenter de le découvrir analysons les déclarations publiques de la victime présumée.
Après deux mois de silence médiatique, le témoignage de ND survient dans un contexte où le discrédit a été jeté sur sa personne. Le procureur a découvert des zones d'ombre dans la vie privée de ND. De telles révélations laissent présager d'une issue peu réjouissante pour la plaignante.

Nous devons cependant admettre que ND peut avoir menti en d'autres circonstances (service de l'immigration, services sociaux), sans pour autant être de mauvaise foi dans le présent cas.

Considération préliminaire

Une personne peut regretter pour des motifs parfois tout à fait légitimes d'avoir entretenu des relations sexuelles et estimer postérieurement avoir subi un viol. D'un point de vue moral c'est tout à fait acceptable.
Selon la loi, ces cas ne sauraient être considérés comme des viols.

Les attitudes de ND

Penchons-nous d'abord sur deux attitudes de ND, de notre point de vue déterminantes pour évaluer la véracité de ses accusations.

La crainte de perdre son emploi
La peur de son agresseur

La peur est une émotion ressentie en présence d'une menace réelle ou imaginaire. Lors de ses déclarations publiques ND décrit avec une emphase dramatique sa confrontation avec DSK. Nous sommes convaincus que ND éprouve sincèrement les sentiments qu'elle décrit. Ce que nous contestons, c'est la chronologie de leur apparition.

La crainte de perdre son emploi

Vers 12:00 les clients qui ont fini leur séjour sont sur le départ, quand ils ne sont pas déjà partis. Un employé informe ND que la chambre 2806 est vide et qu'elle peut aller la nettoyer. Cependant ND ne semble pas convaincue à 100% que la chambre 2806 est vide puisqu'elle y pénètre sans son matériel de nettoyage.

ND affirme que la crainte de perdre son emploi se manifeste dès que DSK commence à la harceler. Nous pouvons affirmer sans risque de nous tromper que ce n'est pas tout à fait exact. C'est au moment où elle voit DSK nu, et avant que ce dernier ne fasse quoi que ce soit, qu'elle ressent cette crainte. Toute employée d'hôtel se doit d'éviter ce genre de situation.

Quel risque a une femme de chambre agressée sexuellement de perdre son emploi ?
Aucun !

La manière dont elle communique sa crainte, directement à DSK est pour le moins surprenante. Pourtant ND exprime sincèrement sa préoccupation et le fait que DSK la tranquillise sur ce point en confirme bien l'existence.

Selon les consignes fournies aux femmes de ménage, il est interdit de nettoyer les chambres en fermant la porte. Le système magnétique de chaque porte enregistre l'heure exacte (à 60 secondes près) des entrées et des sorties et par conséquent permet de déterminer l'emploi du temps des nettoyeuses.

Nous pouvons alors aisément comprendre la crainte de ND si, pour quelque motif que ce soit, elle contrevient de son plein gré au règlement de l'hôtel. Une relation sexuelle consentie fait partie des causes légitimant cette crainte. Encore faut-il que la relation se termine mal (du point de vue du client) pour que l'activité illicite de l'employée soit dénoncée. Et pour que la direction du personnel puisse prouver, grâce aux relevés informatiques, que la porte était fermée à l'heure où l'employée était censée effectuer le service de ménage.
Ultime hypothèse, la relation sexuelle peut également mal tourner pour l'employée d'hôtel. Dans ce cas, la peur de perdre sa place de travail subsiste conjointement avec le besoin de se venger.
Prétendre avoir subi des violences sexuelles s'impose alors comme le seul moyen de faire d'une pierre deux coups.

La peur de son agresseur

Pourquoi ND exprime verbalement la crainte de perdre son emploi au moment où, selon elle, DSK commence à l'agresser ?
N'est ce pas au contraire la preuve que ND n'est absolument pas horrifiée par l'attitude de DSK ?
Est-ce que la crainte de perdre son emploi, ne doit pas céder dans cette situation sa place à la peur d'être violentée ?
Nous trouvons la confirmation de l'absence de cette peur dans les propos même de ND.
N'affirme-t-elle pas, d'autre part, que c'est lorsqu'elle découvre l'identité de DSK, en regardant les nouvelles à la télévision avec sa fille, c'est à dire après les faits, que soudain elle éprouve une peur panique de lui ?
La raison invoquée pour justifier sa crainte se rapporte à la réputation de DSK. Un homme puissant, en passe de devenir le prochain président de la France. Un homme qu'il faut craindre, car en Afrique de telles personnes ont un pouvoir de vie et de mort sur les plus faibles. Une explication peu crédible de la part de ND qui vit depuis plusieurs années aux USA et qui doit bien se rendre compte qu'une telle issue est fort peu probable.

Si ND avait vraiment eu peur de DSK pendant qu'elle était avec lui, c'est de cette peur qu'elle devrait nous entretenir et non d'une peur qu'elle anticipe (sous certaines conditions comme nous l'avons vu précédemment), comme celle de perdre son emploi, ou qu'elle ressent postérieurement (avec sa fille devant la télévision). Cette dernière représentant typiquement une peur de rétorsion, puisqu'elle vient de dénoncer DSK.

Ces considérations nous amènent à remette en question la nature de la crainte de ND au moment des faits.

Par ailleurs, nous doutons fortement que l'identité du client de la suite 2806 lui était méconnue lors de sa rencontre avec lui.
N'est-il pas surprenant qu'après s'être enfuie de la chambre de DSK, ND ne pense pas à identifier son agresseur alors qu'elle a la possibilité d'avoir immédiatement ces informations ?
Si le nom de DSK ne lui était pas inconnu aux moments des faits, alors pourquoi l'avoir caché ?

Revenons à la porte fermée.
ND prétend que c'est DSK qui a fermé la porte pour l'empêcher de partir.
Pourquoi ND ne manifeste pas de manière explicite sa volonté de l'ouvrir à nouveau ?
Elle ne mentionne aucune tentative de s'extraire de cette situation.
Est-ce que ND se trouve soudainement tétanisée ?
Pourtant elle affirme qu'elle essaie de se débattre.

Nous aimerions également savoir comment ND est finalement sortie de cette chambre.
Est-elle parvenue à ouvrir seule la porte ?
Si oui, pourquoi n'a t-elle pas tenté de le faire avant ?
Est-ce DSK qui lui a ouvert la porte ?
Si oui, a t-elle attendu sagement qu'il lui ouvre la porte ?
Pourquoi se met-elle alors à courir, comme elle l’affirme, dès que la porte est ouverte ?
Pourquoi sa fuite éperdue se termine à quelques mètres de son point de départ ?

Nous percevons maintenant la scène d'une toute autre manière.
ND entre dans la chambre 2806.
Elle surprend DSK nu.
C'est une faute professionnelle.
Elle exprime sa crainte de perdre son emploi.
DSK n'est pas menaçant, au contraire il la rassure.

Ensuite que se passe-t-il ?
Est-ce que DSK lui fait des avances ?
Est-ce qu'il croit que la femme de chambre ne veut pas céder parce qu'elle a simplement peur de perdre sa place ?
Est-ce qu'il devient violent  lorsqu'elle lui résiste?

La personnalité de ND

Avant de répondre à ces questions parlons un peu de la personnalité de ND.

Définition de personnalité : Ce qui constitue la personne, qui la rend psychiquement, intellectuellement et moralement distincte de toutes les autres.

Selon la direction de l'hôtel ND est une employée modèle. Une mère seule s'occupant avec abnégation de sa fille. Ce beau vernis finit par se craqueler après les révélations du procureur. ND a obtenu un permis d'établissement en induisant le service d’immigration américain en erreur. Elle a notamment prétendu avoir subi un viol collectif dans son pays d’origine. Une fois son permis de séjour obtenu, elle perçoit des prestations sociales auxquelles elle n'a pas droit. Par ailleurs, des sommes d'argent conséquentes transitent sur son compte bancaire. Son ami (qui n'est pas le père de sa fille) est en prison pour trafic de drogue.
ND nous dit qu'il faut tirer un trait sur ses égarements passés. Comment le faire alors qu'elle écarte sa responsabilité d'un revers de la main ? Elle ne se sent pas concernée. Elle prétend avoir été abusée par des personnes mal intentionnées.

Malgré cela, le soutien apporté à ND ne tarit pas. Bien au contraire, différents mouvements se mobilisent pour défendre sa (leur) cause. Celle d'une immigrée victime de la violence masculine.

Il y a cependant un hic à cette thèse. Derrière la vulnérabilité apparente de ND se cache une détermination impressionnante.
Une qualité indispensable non seulement pour accomplir le parcours (avec la manière adoptée) d'un village retiré d'Afrique au Sofitel de New York, mais également pour jouer à quitte ou double dans une bataille juridique qui risque de la discréditer totalement.

ND est aussi une personne influençable.
Cette tendance à être utilisée par les autres, n'est d'ailleurs pas absente dans son procès avec DSK puisqu'elle ne voit aucune objection à être prise en otage par des mouvements politiques qui se servent de cette affaire pour faire avancer leur propre agenda. Ce qui illustre sa prédisposition à confondre ses intérêts avec ceux des autres. Dans cette interaction se cache une part de manipulation non négligeable.

Est-ce que ND et son comité de soutien ne donnent pas l'impression de vouloir manipuler la justice en se servant de l'opinion publique ?

Et si la relation de ND avec DSK avait suivi le même chemin ?

Une dénonciation impersonnelle

Nous savons que ND ne signale pas immédiatement l'agression dont elle prétend avoir été victime. Elle retourne dans la chambre 2820 pour y récupérer ses affaires de nettoyage. Durant ce laps de temps, elle soupèse le pour et le contre : poursuivre son travail ou dénoncer DSK. C'est lors de cette probable cogitation, que ND arrive à la conclusion qu'il ne faut pas nettoyer la suite 2806.
Avec beaucoup de sang-froid ND se poste dans le couloir et s'assure du départ de DSK. Un homme qui vient de l'agresser et dont elle se dit terrorisée. Ensuite elle se rend à nouveau dans la chambre 2806 pour vérifier la présence des traces du sperme de DSK. Elles doivent y être puisqu'elle a craché le sperme de DSK après lui avoir fait une fellation. Elles représentent le moyen le plus probant d'appuyer ses accusations. DSK ne les a pas nettoyées. Ce qui prouve accessoirement qu'il ne jugeait pas qu'elles puissent être compromettantes.

C'est devant la porte 2806, qu'elle attend la tournée du superviseur et qu'elle s'adresse à lui en ces termes:
«Si une personne a été violée que faut il faire?»
La phrase est très impersonnelle. Elle ne parle pas d'elle. Elle n'accuse personne.
On attend de la part d'une personne qui vient de se faire agresser une communication plus directe. Par exemple : « Je viens de me faire violer par le client qui occupe cette chambre ».

Certains ne verront aucune contradiction dans cette manière indirecte de procéder, mais au contraire une indication supplémentaire de la vulnérabilité de la victime.
Le discours de ND n'est cependant pas toujours caractérisé par ce manque d'affirmation. Lorsqu'elle martèle : « Je veux qu'il aille en prison. », elle sait parfaitement conjuguer un verbe à la première personne.
Pourquoi cette détermination est absente au moment où ND dénonce son agresseur ?

Revenons sur la déclaration de ND devant la presse : «  A cause de lui on me traite de prostituée. Je veux qu'il aille en prison. Je veux qu'il sache qu'il existe des endroits où vous ne pouvez pas utiliser votre pouvoir, où vous ne pouvez pas utiliser votre argent. »

Désir de réparation ou désir de vengeance?
Est-ce sa dignité de femme violée ou son amour propre qui est en cause ?
N'admet-elle pas implicitement que DSK a utilisé son pouvoir, son argent dans la chambre 2806 ?
Y aurait-elle alors cédé, comme une prostituée ?