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Enrayer la tricherie

Comment enrayer la tricherie dans le sport ?

Considérons le cyclisme et ses principaux acteurs :
Les cyclistes, les directeurs sportifs, les médias, les sponsors, les spectateurs.

Bien que les contrôleurs antidopage jouent un rôle important pour faire respecter l’éthique sportive, nous ne considérons pas leur présence indispensable, puisque sans le dopage, ils n’ont plus de raison d’être.

Quels sont les intérêts respectifs ?
Les cyclistes et les directeurs sportifs aiment le cyclisme, la victoire, le prestige et l’argent qu’il procure.
Les médias vendent le sport aux spectateurs.
Les sponsors vendent leurs produits aux spectateurs.
Les spectateurs aiment le cyclisme.

Nous constatons que les spectateurs sont les seuls à aimer le cyclisme de manière vraiment désintéressée.
Bien que les spectateurs ne voient pas la couleur de l’argent, leur pouvoir n’est pas négligeable pour autant. Sans eux, les médias et les sponsors ne vendraient pas, et la course n’aurait pas lieu.

Quelles sont les positions respectives de ces acteurs envers le dopage ?

Les cyclistes

Sans la motivation de l’argent, le plaisir de pédaler et de gagner ne justifient pas le recours au dopage. Dans un plan de carrière professionnelle, le dopage est un moyen d’atteindre plus facilement ses objectifs. La pratique du dopage comprend deux autres conditions : que la santé du cycliste ne soit pas affectée et évidemment que le dopage ne soit pas dépisté.

Les directeurs sportifs

Sans la motivation de l’argent, la défense des intérêts d’une équipe sportive ne justifie pas le recours au dopage. Les directeurs sportifs ne doivent pas obligatoirement être convaincus de l’innocuité du dopage pour être tentés de le pratiquer. A la pression de la course s’ajoute celle des sponsors. Sans résultats, pas d’équipe à diriger.

Les médias

Sur le fond, la mission des médias est claire : faire de l’information. Si le dopage et le cyclisme n’intéressent plus, les médias changent de sujet. Mais dans la réalité, c’est exactement le contraire qui se produit. En transformant un événement sportif en fait divers, le dopage crée le scandale et multiplie l’audience.

Les sponsors

Les sponsors s’accommodent du dopage tant qu’il ne va pas à l’encontre de leurs intérêts. Si les ventes de leurs produits baissent, ils ne sponsorisent plus. Comme l’expérience le montre parfois, le sponsoring d’une équipe de dopés dope aussi les ventes.

Les spectateurs

Pour les spectateurs, le dopage est une réalité gênante car elle empêche toute identification au cycliste sans peurs et sans reproches. Imaginons un spectateur, s’enthousiasmant pour les performances de son champion et devoir se renier lorsqu’il apprend le résultat positif d’un contrôle antidopage. Le spectateur refoule cette intense frustration en niant le problème.
Tout le monde se dope !
Il n’y a ainsi plus de tricheurs, puisque tout le monde se retrouve sur le même pied d’égalité.

Comment arrêter le dopage ?

L'éducation sur les risques du dopage

Nous pouvons penser à première vue qu’une personne en bonne santé, ce qui est généralement le cas d’un sportif avant qu’il se dope, est plus réfractaire à l’utilisation de certaines substances qu’un malade.
Rien n’est plus faux. Même s’il souffre dans l’effort, la douleur du cycliste est le résultat d’un choix personnel. C’est vrai qu’au plus haut niveau, les performances sont titanesques. Mais la victoire est à ce prix. Et pour le cycliste, c’est la victoire qui compte et non le désir de ne plus souffrir comme un malade.
Si après 200 km de course régulière, une poignée de secondes sépare seulement le premier du deuxième ; l’avantage de la prise d’un produit dopant saute aux yeux. Elle permet de creuser un écart substantiel avec ses poursuivants, probablement décisif.
Bien que la plupart des médicaments vendus sur le marché comportent des contre-indications, la peur des effets secondaires n’empêche pas leur consommation systématique.

La défense de l’éthique sportive

L’important c’est de participer !
Cette philosophie du sport ne tient plus la route. La société actuelle met l’accent sur la réussite personnelle et la rage de vaincre. L’honneur chevaleresque est relégué aux oubliettes. Il faudrait démanteler tout le commerce gravitant autour du sport, pour redécouvrir son esprit originel.

La répression systématique

La répression perturbe les cyclistes dans l’exercice de leur profession et recouvre le monde sportif d’une chape de suspicion générale.
L’appareil répressif doit, d’autre part, constamment mettre à jour la liste des produits dopants, et introduire dans son système de détection les paramètres des nouvelles substances illicites. Sans quoi, il risque de commettre des injustices, en pénalisant uniquement des coureurs utilisant des produits détectables ; au détriment des gros poissons qui passent à travers les mailles du filet, en raison de leurs méthodes de dissimulation plus sophistiquées.

La désertion des spectateurs

Comme nous l’avons vu précédemment, sans les spectateurs, tous les autres acteurs de notre analyse, à part les cyclistes, disparaîtraient. Livrés à eux-mêmes, les cyclistes ne verraient plus l’utilité de se doper et se contenteraient de pédaler pour le plaisir.
Cette solution radicale ne satisfait pas les amateurs de la petite reine, qui n’auraient alors plus rien à se mettre sous les yeux.

A ce point, nous devons malheureusement déchanter. Aucune solution ne semble satisfaisante pour éradiquer le dopage.

Une solution possible

Pourtant il existe une possibilité qui ne compromet pas la popularité du cyclisme tout en maintenant l’intérêt des médias et des sponsors.
Comme nous l’avons vu, le problème des spectateurs est leur amour pour le sport et le cyclisme en particulier. Le dopage les contrarie car ils ne parviennent plus à s'identifier à leurs idoles.
A la place d'adopter l'attitude critique nécessaire et de se mobiliser pour exiger la fin du dopage, les spectateurs relativisent.

Tous les cyclistes se dopent, disent-ils en cœur.

Cependant, nous ne pouvons écarter totalement l'hypothèse qu'il existe dans chaque course cycliste un coureur qui ne se dope pas. Par exemple, le dernier de la course !
Supposons donc que ce coureur soit au-dessus de tout soupçon. Comme vous et moi !
Dans ce cas, même s'il termine dernier, en tant que seul cycliste propre il mérite la victoire. N'est-ce pas ?
Imaginons donc la situation suivante :
Une course cycliste dans laquelle tous les cyclistes dopés sont détectés avant la dernière étape.
Notre coureur intègre sera donc le seul à se mettre en selle pour terminer la course !
Impensable ?
Et pourquoi pas ?
Un seul cycliste honnête franchi la ligne d'arrivée !
Qui ne regarderait pas ce spectacle grandiose et unique ?
Quelle belle publicité pour un sport sans tricheurs.

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